“Charles Lesca et l’Espagne franquiste” par Darío Varela Fernández

Le 1^er octobre 2024 j’ai eu le plaisir de participer au café virtuel de l’association Adelante!, une occasion pour moi de présenter mes dernières recherches et plus particulièrement certains aspects de mon dernier livre, Charles Lesca (1887-1949). Au service de l’hispanisme du fascisme et de la Collaboration, publié en 2024 aux Éditions L’Harmattan, collection « Inter-National » (voir l’ouvrage sur le site de l’éditeur).

Tout d’abord j’ai pu esquisser auprès des membres présents le parcours et les réseaux de cet éditeur de presse franco-argentin, principal actionnaire puis directeur de l’hebdomadaire fasciste et antisémite Je suis partout, condamné à mort par contumace et décédé à Buenos Aires en 1949. Le récit de la vie de Charles Lesca a été présenté, de sa jeunesse et son engagement américaniste des premières années, ayant participé dans des nombreuses entreprises hispanistes et tissé des liens avec moultes intellectuels des deux rives de l’Atlantique, jusqu’à son engagement fasciste et politique sous l’Occupation et au-delà. Par sa vision réactionnaire de la société de son temps, par son idéologie et par ses liens avec les pays hispanophones, mon intervention au Café virtuel s’est centrée sur les liens entre Lesca avec l’Espagne de Franco.

Le journaliste franco-argentin soutient tout au long de la guerre civile le « bando nacional », selon ses propres mots, remercie ses chefs d’avoir délivré le pays du communisme et d’avoir instauré un régime « totalitaire, anticapitaliste, antidémocratique et antijuif »[1]. De même, il n’hésite pas à visiter l’Espagne à deux reprises, en 1939 et 1942, des occasions pour tisser des liens avec différentes figures du nouveau régime, connus sur le terrain ou rencontrés préalablement à Paris : le général Espinosa de los Monteros, José Felix de Lequerica, Joan Esterlich, Mariano Danas, Jesús Suevos, etc.

Autant de liens qui lui seront fort utiles lorsqu’il devra s’exiler en raison de l’avancée des troupes alliés en août 1944. Après un bref séjour à Berlin, il trouve refuge à Madrid en décembre 1944, au 4 rue Victor Hugo, près de la Gran Via.

Alors que bon nombre de ses proches tombent suite à la Libération et doivent faire face à la justice (Vitoux, Lousteau-Cjartez, Cousteau, Jeantet, Rebatet), Lesca, en étroite collaboration avec l’ambassade d’Allemagne et des membres du renseignement espagnol, construit et dirige un réseau permettant la fuite de fascistes français, allemands et belges en direction de l’Argentine. Ces agissements et la complicité des autorités franquistes afin que celui-ci puisse rejoindre l’Argentine, où il a vécu jusqu’à sa mort sans avoir été molesté. Ces éléments sont les derniers aspects abordés dans ce Café virtuel avant d’entamer une série d’échanges fort riches avec le public.

[1] Charles Lesca, « L’Espagne et l’Europe », Je suis partout, 11 juin 1943, p. 1.